Le coup du policier mexicain véreux !

On lit partout lorsque l’on se renseigne sur Mexico que les policiers sont corrompus, et que leur toute petite paie est allègrement augmentée par tous les pots-de-vins que les touristes doivent leur verser lors d’arrestations fantaisistes lors desquelles des infractions inexistantes sont prétexte à une grosse amende, supprimée bien entendu si un petit billet est glissé dans la main du policier.

On lit d’ailleurs ce genre de chose sur l’Afrique, dans laquelle on a passé trois mois et parcouru plus de 13’000 km sans avoir rencontré aucun soucis, sur l’Asie (même topo, on y a roulé sans soucis) et dans tous les pays d’Amérique centrale en général. On a été contrôlés au Costa Rica et au Nicaragua, plusieurs fois durant notre séjour, et tout s’est toujours très bien passé ! Autant dire que l’on n’a pas de préjugés, ou au contraire, on est assez persuadé que la légende urbaine fait son effet à propos de la corruption soit-disant organisée et généralisée dans la police mexicaine.

Pourtant, pourtant… Nous prenons notre voiture de location vendredi à 17h00, à l’aéroport de Mexico City, et après la signature des papiers et contrôles habituels, nous prenons la route vers 17h45 en direction de notre prochaine destination, que l’on doit atteindre 2h30 plus tard selon notre GPS, super, juste avant la nuit (si la pluie annoncée ne nous retarde pas trop). On nous a dit et répété 100 fois qu’au Mexique, il ne fallait jamais conduire de nuit, que c’était beaucoup trop dangereux; alors on sait que l’on ne doit pas traîner.

Nous avons roulé depuis à peine plus de 5 minutes lorsqu’un agent nous fait signe de nous arrêter sur le côté de la route, à la suite de quelques autres véhicules. Ils sont toute une série de policiers, et on voit tout de suite que c’est pas la cantonale valaisanne… Gilet par balle, mitraillette, et surtout un espagnol parlé très très rapidement, le bonhomme nous demande les papiers du véhicule ainsi que  mon permis. On lui donne, comme on a toujours fait depuis le début de notre voyage.

Suiza ? Oui, on est de la Suisse… il tourne plusieurs fois autour de la voiture, qui sort de l’agence et donc qui doit être nickel… Il passe la tête par la fenêtre, inspecte tout l’intérieur, puis tout sourire me sort une grande phrase en espagnol avec dedans le mot “multa” dedans… La multa, c’est l’amende… Il me dit que mon téléphone, posé sur le tableau de bord vers le compteur de vitesse, m’empêche de voir correctement toutes les parties des indicateurs, que cela est une infraction majeure, et que nous devrons payer une amende. On fait des yeux ronds, car le téléphone en effet est posé là mais il ne gène en rien la conduite ni la visibilité des indicateurs (dès ce moment on se doute bien qu’il cherche juste à nous sous-tirer de l’argent pour n’importe quel prétexte…).

On tente de lui expliquer, mais il est intraitable. Bon, on se renseigne, c’est quoi l’amende ? 5600 pesos, soit plus de 300 euros… !!!  Heu… même en Suisse et même avec ViaSecura on n’a pas ces tarifs là à payer !!! Mais le plus ennuyeux, bien entendu, c’est qu’il a toujours en main les papiers du véhicule et le permis, et il nous le rappelle régulièrement. Il a bien entendu vu nos valises entassées à l’arrière, les enfants attachés, il sait sur quelle route il nous a arrêté, il sait donc qu’on a encore de la route à faire. Selon lui, et selon son collègue qui vient confirmer ses dires, on ne pourra pas récupérer nos papiers sans avoir payé l’amende. Comme je suis le seul conducteur noté pour le véhicule, si on ne paie pas, il garde mes papiers et on doit partir en taxi mais on laisse le véhicule là…

… enfin, bon, il fait le bon prince, si on veut bien payer 150 USD il sera d’accord de nous laisser partir !

A ce moment-là, ça bouillonne à l’intérieur ! On ne sait pas trop quoi faire, mais on sait qu’on est tombé dans le piège et qu’on n’a pas une énorme marge de manoeuvre. On se souvient de toutes les discussions que l’on a lues sur les forums de voyageurs, qui disaient que “Jamais Ô grand Jamais” il ne fallait payer un pot-de-vin, qu’il ne faut jamais donner ses papiers, que payer c’est encourager ce système, et surtout on essaie de se souvenir de ce qu’avaient fait ceux qui se vantaient d’avoir évité de payer, bref, on turbine à 1000 à l’heure… mais on sent bien qu’on s’est fait avoir ! Aïe aïe aïe!

Il est maintenant 18h25, ça fait un moment qu’on est coincés avec ce zigoto, et l’horizon est réellement noir de nuages et d’orages, on a encore 2h30 de route, l’hôtel a été réservé et payé par internet, on a 3 enfants à l’arrière et on ne voit que deux solutions : soit on refuse de payer, et là ça va traîner, et à ce qu’on a compris on va devoir aller payer l’amende dans une banque (donc le lendemain) avant de pouvoir retrouver, reçu à l’appui, nos papiers au commissariat. Le collègue nous l’a confirmé.  Soit on paie…

On essaie diverses choses, les enfants, l’ignorance, le manque de cash… Le prix baisse à 100 USD, mais ne bougera ensuite pas pour les 15 minutes qui suivront.

On essaie de demander une preuve que l’infraction est bien une infraction majeure, et le tarif de l’amende. Au bout de plusieurs minutes, on nous présente cela (à mourir de rire…):

Selon lui, on est dans la dernière catégorie, et comme un point a un coefficient de 106 ben ça donne 5600 pesos ! … On demande plus d’explications, mais soit l’asticouette part, soit il redit toujours la même chose… Et le temps passe… et il a toujours nos papiers…

Finalement, et tout en sachant que l’on s’était promis de ne pas se faire avoir, on sort 100 USD. On récupère nos papiers (non, en fait, j’ai demandé les papiers et j’ai payé ensuite), et on peut partir. Et bien sûr, pas de reçu , pas d’amende, rien de noté!

Le policier, grand seigneur, bloque toute la route pour nous laisser partir !

Alors oui, c’est rageant de s’être laissé avoir. Moins de 10 minutes sur les routes, aucune erreur, on on tombe dedans ! On essaie de limer les dépenses sur plein de trucs et là d’un coup ce sont 100 balles qu’on laisse filer… La situation ne nous laissait malheureusement guère le choix.

Comment faire mieux la prochaine fois ? On ne donnera pas notre permis, on a fait une photocopie qui sera celle que l’on donnera à l’agent, en expliquant qu’on a déjà du payer à Mexico City. On appellera AVIS notre agence de location si ils ne nous rendent pas les papiers de la voiture. On demandera le numéro de matricule et le nom de l’agent, qu’on notera, et on essaiera de demander l’amende, on a depuis appris qu’aucun versement n’est à faire au policier en cas d’amende, jamais un seul pesos ne doit être donné que ce soit pour une amende ou pour un pot-de-vin. Il paraît que parfois, quand ils voient qu’ils n’obtiendront pas l’argent du conducteur, ils laissent tomber l’amende. On essaie de toujours partir tôt dans la journée pour avoir de la marge en cas de nouveau contrôle, pour ne pas être pris par le temps comme on l’était ce jour-là. Bref, on est toujours moins idiots après!

Depuis, nous avons parcouru près de 3’000 km dans le pays. Plus aucun contrôle, pas mal de barrages au travers desquels on a pu passer sans devoir présenter les papiers. On est un peu stressés à chaque fois, et on espère que cette rencontre sera la seule qu’on aura de tout notre séjour au Mexique. Finalement, on ne veut pas vraiment savoir si à chaque fois ils font le coup ou non, on sait juste que pour nous, 1 contrôle = 1 pot-de-vin…

Bref… pour nous le policier mexicain, ça n’aura pas été l’image du gentil policier comme ça:

Mais ça aura plutôt été ça, déguisé en habits de policier:

(8 commentaires)

  1. Navrée pour ça, on avait aussi eu droit à un contrôle par un policier verreux à Mexico City il y’a de nombreuses années! On avait aussi laissé l’équivalent de 100 chf pour une histoire de clignotant pas mis alors qu’on avait soit-disant changé de voie… et pourtant ça faisait une heure qu’on roulait tout droit, on devait traverser toute la ville en restant sur la même route et on était super fier de nous (pas de GPS à l’époque, mais la bonne vieille carte routière), et bam on se fait avoir ☹️
    J’espère que ce sera la seule pour vous!

    1. Ouaip, je crois que le motif importe peu… Allé on serre les fesses pour les 5 derniers jours ! Ce soir on a eu un contrôle et le coup de la photocopie a semblé fonctionner… !!

  2. Comme vous dites, c’est facile de se faire des plans avant ou après, mais sur le coup on ne sait jamais trop comment cela peut virer et on pense d’abord à la sécurité de la famille. Je vous trouve bon d’avoir tenu si longtemps. Bonne continuation.

    1. Voilà, comme tu dis, une fois arrêté au bord de la route on fait moins de théories que derrière son clavier 😉 !

  3. Bonne leçon pour la prochaine ……. et finalement vive les policiers Suisses qui sont un peu moins véreux quoi que ……Bon courage pour la suite et bravo pour le coup des photocopies Ahhhhh les Suds américains grrr

  4. Je pars en septembre ! et j’avoue être vraiment stressée avec ça ! Je parle espagnol parfaitement ! lorsque vous avez eu l’amende. Est-ce que vous leur avez parlez en espagnol ? Ou en anglais ?,

    1. Hello, je crois qu’on a baragouiné quelques mots d’espagnol à chaque fois… Pas sûr que la langue fasse beaucoup, l’important c’est de ne pas les laisser avoir le dessus et avoir vos originaux en main. Bon voyage !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *