Rien que la vérité : voyager avec des enfants,  comment ça se passe (pour nous) ?

Voyager avec des enfants, c’est vraiment super ! Ils s’adaptent de suite, contrairement aux adultes, et apprennent bien rapidement à s’amuser avec un bout de bois ou à se faire des histoires durant les longues heures de trajet. En quelques minutes ils se font plein de copains. Ils adorent aussi découvrir de nouveaux pays, de nouveaux goûts…

Ca, c’est ce qu’on a pu lire sur la quasi-totalité des blogs de familles voyageuses. Mais en fait, chez nous, c’est pas vraiment comme cela que ça se passe… D’ailleurs, on se dit souvent qu’on n’a peut-être pas les mêmes enfants que les autres familles de voyageurs… Certainement même… Oh, bien entendu, eux n’ont pas non plus les mêmes parents, c’est sûr aussi ! Bref, comme on est dans un post “Rien que la vérité”, on va vous dire comment ça se passe, vraiment… ou presque (parce qu’on adore aussi exagérer un peu… mais qu’un peu seulement !)

Quand on fait un trajet de 3 heures en taxi (dont 3 enfants et 1 adulte à l’arrière, c’est un peu serré c’est vrai mais c’est pas non plus la cata) ils râlent durant le trajet et toute la soirée que c’est inhumain comme conditions de transport. Le lendemain, on a (par pur hasard car on avait demandé la voiture de la torture) un minibus de 9 places pour nous 5, et bien… c’est nul aussi, on ne peut même pas tous se coucher (je passe les détails des batailles liées à la prise de possession des sièges pour s’allonger sur une lignée de 3 sièges. Je passe aussi le soupir quand les méchants parents n’ont pas voulu se lever (!!!!) pour laisser 3 sièges libres.)

Après avoir visité 3 anciens temples khmers en Isan, disons 1h30 de visite en 3 jours avec les trajets, on prend sur nous (surtout Anne) pour visiter une toute mini petite sélection des temples d’Angkor, vous savez, ces magnifiques temples qui sont parmi les plus belles réalisations de l’homme, bref on limite le temps de visite à 3h30 sur deux jours, on a eu droit à des traînages de pieds à t’user des soccolis tous neufs, à des soupirs, et bien entendu aux chamailleries en plein milieu de la foule, avec poussage et tirage de cheveux, cool… Et le soir, exposé quasi universitaire sur la pratique se rapprochant de la torture d’avoir emmené trois petits enfants dans des temples tout pourris et sans couleurs, même avec de la mousse, qui n’ont aucun intérêt surtout pour des enfants !

A chaque fois que la situation se tend un peu (donc chaque jour vers … 8h20 ?.. mais non je rigole parfois on peut faire le petit déjeuner tranquillement !), on a le droit au bon vieux “Mais de toute manière ce voyage c’est vous qui voulez le faire, nous on en n’a rien à faire !”

Maintenant que l’on est en Asie, “l’Afrique au moins c’était bien, on y voyait plein d’animaux”… Et quand on était en Afrique, c’était vraiment trop nul de devoir rouler toute la journée juste pour se retrouver dans un camping POURRI serrés dans nos tentes juste pour voir des éléphants… ou des buffles… ou des girafes… ou les trois !

Grand sujet de bataille, l’utilisation des écrans… Parfois, on a l’outrecuidance de passer par des hôtels où, quand ils peuvent faire un peu de tablette, le réseau ne fonctionne pas trop bien et YOUTUBE LAGGUE !

L’arrivée dans un hôtel rime bien souvent avec râlerie et comparaison avec le 5* d’en face… à 100 fois le prix de notre guesthouse.

Pour le choix d’un restau, s’il n’y a ni pâtes ni pizza (jamais bonnes d’ailleurs car elles n’ont pas le même goût que chez Capri.) c’est nul, ça sera certainement pas bon, c’est de nouveau un bouiboui (qui coûte moins de 13 USD pour la famille) et hier c’était mieux (heu… mais on avait payé 57 USD pour un repas, le seul à ce prix depuis 2 mois).

“Pffffffffffffff… pourquoi on prend pas un tuktuk ? Quoi ? On va marcher ? 15 minutes ???!!!?!?!!”

“Quoi ? Pas de tablette ? Mais alors on va s’ennuyer ? Si, on a pris des jouets, mais ils sont nuls, mes jouets que j’ai du laisser à la maison ils sont bien mieux et c’est avec ceux-là que je veux jouer !”

“De l’école maintenant ? Mais on en a déjà fait hier !!!”

“Y a pas de piscine dans notre hôtel ?????”

“Non, si on va dans ce restaurant j’ai pas faim !”

Voici donc quelques-unes des phrases que l’on entend parfois… souvent… et avec lesquelles on doit composer ! C’est souvent l’un ou l’autre qui s’y met, puis qui donne l’envie aux autres de rentrer dans ce jeu-là, et quand le premier repart sur des bases positives, on doit lutter avec le 2e. Puis le 3e s’y met aussi… Et eux, comme tous les enfants, ont déjà passé à autre chose, ils sont de nouveau en pleine période de bonne humeur, alors que nous, on est au fond du trou d’avoir du batailler durant les 3 dernières heures contre la mauvaise humeur de chacun.

Alors bon, là on balance tout d’un coup, mais c’est pas tout le temps comme ça non plus… Faut bien imaginer que la nuit, ils dorment, et qu’on a aussi droit à notre petit moment de calme…

 

Plus sérieusement, voyager en famille, être tous ensemble 24h/24 et 7j/7 pose les mêmes problèmes que lorsqu’on est tranquillement installés dans sa petite vie sédentaire. Sauf qu’ici, on n’a que des samedis et des dimanches, tout le temps… On ne peut pas filer au boulot, il faut occuper tout le monde, tout le temps. Tout est certainement plus vif et plus intense, et de part et d’autre les tensions et frustrations, mais aussi les joies et les bonheurs, peuvent rapidement égayer ou plomber des moments de la journée.

Chacun a ses attentes, ses centres d’intérêts, ses envies mais aussi des choses qu’on n’aime pas faire. On découvre aussi, en famille, des rythmes de voyage qui nous conviennent mieux que d’autres, et ensemble il est important d’essayer de formuler clairement ce qu’on veut essayer de faire ou d’éviter pour les mois restants, afin de minimiser les tensions et frustrations qui amènent aux comportements décrits plus haut. Il est important aussi de proposer à chacun des activités attractives, et si on ne trouve rien qui fasse le bonheur de tout le monde on alterne les activités. Les enfants viennent visiter un musée sans (trop) râler, et ensuite on passe 2 heures en famille dans un parc de jeu… Ca paraît simple et basique, mais quand on a la tête dans le guidon, qu’on est plongés dans les guides de voyage on a plutôt tendance à lister tous les temples, musées et autres curiosités de la région que l’on peut visiter plutôt que de se demander où on trouvera un parc de jeu sympa. Si pour des adultes, passer 2 heures dans une salle de jeu d’une capitale asiatique peu paraître totalement décalé et une perte de temps, c’est parfois aussi nécessaire pour que les enfants puisse y trouver leur compte. Ce n’est pas toujours facile, ni possible, mais on a remarqué que clairement cela fait partie du deal, tout le monde doit au final pouvoir s’amuser ! Que ce soit en contemplant des vieilles pierres, ou en faisant du laser game !

Oh et puis, bien entendu, s’il y a tous ces moments pas trop sympas, qui semblent, les jours un peu plus tendus, constituer la majorité de nos journées, ce dont on se souvient, au final, ce sont surtout de tous ces moments de partage, ces heures passées à voir nos enfants grandir, progresser, s’ouvrir aux autres, comprendre que la différence n’est pas bonne  ou mauvaise, qu’elle est juste différente. Les jeux sur la plage, les fous-rires en recevant un plat inconnu, les petits déjeuner bizarres pris sur un tabouret de plastique, les paysages à couper le souffle contemplés à 5, les mimes qu’on a du faire pour se faire comprendre, l’autochtone qui s’est assis a côté de nous dans le bus et qui sentait bizarre… Apprendre à connaître les autres membres de sa famille pratiquement autant bien que soi. Tout cela aussi est d’une intensité incroyable, c’est peut-être le plus dur à réaliser au quotidien car on a comme tout le monde tendance à mettre le doigt sur ce qui n’a pas bien été plutôt que sur les meilleurs moments, et pourtant quand on repense à tout ce qu’on a déjà vu et vécu, à ce qu’on était tous avant de partir et ce qu’on est maintenant, quelques mois plus tard seulement, c’est évident que cette aventure, partagée en famille, est parfois dure mais incroyable.

On ne veut vraiment ni se plaindre, ni faire peur aux futurs voyageurs, mais cette question revient souvent. On a donc essayé, en ne vous disant rien que la vérité, de vous brosser un portrait de ce que cela donne, du moins chez nous. On peut résumer en disant que c’est finalement comme à la maison, en plus intense et sans échappatoires. Il y a du beau et du moins beau. Et si le blog, d’une manière générale, montre surtout les bons moments (on apprend vite à sourire pour une photo, même si l’on est en colère) car c’est de ceux-là qu’on va se souvenir, la vie au quotidien a ses bons moments et ses moments plus difficiles. Comme à la maison…

(14 commentaires)

  1. Merci beaucoup pour ce témoignage aussi transparent. Vous décrivez parfaitement ce qu’on s’attend à vivre probablement dans quelques mois…Et cela nous encourage malgré tout 😉 car ça normalise et quand on sera découragé on repensera à votre post. Comme vous le dites si bien, même si on est en voyage, les tempéraments, les routines etc. demeurent. … Donc le vieil adage “les voyagent forment la jeunesse…” Semble toujours d’actualité…on pourrait même ajouter “et les parents”…

  2. Hello les voyageurs !! On vous suit régulièrement et sommes admiratifs et bien nous nous sommes rentrés en France après la Zambie après 4 mois d’aventure. Le long cours en famille est une expérience unique qui requiert De grandes capacités d’adaptation et de patience. Nous sommes rentrés, notre voyage n’avait plus de sens après avoir vécu tout ce que tu décris dans ton post entre autre. Nous sommes tous heureux d’avoir repris nos petites vies. nous repartirons certainement dans qq années. Bon courage à tous amitiés Charles et Emilie de rancourt

  3. Salut Etienne, tout ce que tu as décrit dans ton post, on l’a vécu pendant 8 mois aussi. Qq épisodes moins intensément que d’autres mais dans le fond, c’est comme ça que ça c’est passé.
    J’aurais voulu passer bcp plus de temps dans les visitor center des parcs nationaux aux USA pour satisfaire ma curiosité personnelle mais il fallait traduire les panneaux en français à nos chères têtes blondes (et que ça soit à leur niveau) pour qu’ils puissent appréhender et au bout de 20 min (j’exagère !) ils couraient partout où s’ennuyaient sérieux ; donc on allait voir ailleurs (même s’il nous restait 2 bonnes heures à passer…)
    Yaelle a fait un déni de scolarité pendant les 8 mois, mais il fallait quand même qu’elle avance dans le programme… on s’est littéralement “battus” pour qu’elle fasse ces devoirs; à en faire pleurer la gamine et moi à être tellement énervé que je devais aller courir pour me calmer (alors que j’ai horreur de ça !)
    Bref, on a eu des moments de galère avec nos loulous où on a du serrer notre poing dans notre poche, mais aussi bcp de moments privilégiés aux 4 coins du globe. Et ça c’est magique.
    Effectivement y’en faut pour tout le monde et on a écumé les playgrounds de tous les villages et villes qu’on a croisé, mais ça leur plaisait et ils faisaient moins la tronche après ça ! Donc tout benef ; et ça nous permettait de préparer la suite du voyage au jour le jour.
    Allez je fais court: au final, ils se souviennent de quand même pas mal de choses et les ressortent au fil du temps (qq fois sans aucun rapport avec l’instant présent mais c’est pas grave) et ça, ça fait plaisir qd même; on se dit qu’on est pas parti pour “rien” et que, même si tout ne s’est pas déroulé comme on l’imaginait, on a été des privilégiés de vivre ça en famille !

  4. Et au final, vous ne retiendrez que les bons moments de ce voyage. Quand vous serez de retour, vous serez plus riches d’expériences et de moments intenses passés ensemble mais surtout ce voyage sera le liant de la famille qui vous suivra tout au long de votre vie, un moment exceptionnel et unique que peu de gens auront la chance de connaître ! Un expérience unique qui vous changera pour toujours. BRAVO

  5. Nous ont a proposé aux grands parents de nous les garder une année…… mais les enfants étaient pas emballés! c’est exactement à quoi on s’attend donc pas surpris et on se réjouit de se lancer dans cette aventure!!! C’est ça une vie de famille pleinement vécue aux quatres coins de notre belle planète!!!! On vous embrasse la famille Pfyffer!!!!

  6. Qu’on se rassure le fait de se prendre la tête et de devoir faire des compromis tout le temps c’est universel pour toutes les familles de voyageurs . Mais l’expérience générale qui en découle sera riche quoi qu’il arrive! Nos enfants comme les votres semblaiemt blasés râleurs etc. Mais il y a 3 jours Luna me disait si j’avais su j’en aurait profité 3 fois plus de cette année sabbatique car maintenant j’aimerai bien repartir……!

    C’est le syndrome de l’insatisfaction on est pas encore Bouddha donc c’est humain de se plaindre….

    Belle route

  7. Bonjour !
    Et comme j’ai adoré lire votre topo car je me suis sentie comprise !!!!
    On a fait deux années de voyage en famille à 4 et il y a eu tous ces moments où on avait juste envie de rester TOUT SEEEEEEUUUUL sur l’île déserte alors que les 3 autres rentrent à la guesthouse !!
    Finalement, on est tellement contents d’avoir vécu cette folle expérience, et on sait que ça a demandé une grosse énergie qu’on aura peut-être plus avec l’âge et qu’on a bien fait d’ouvrir cette porte aux enfants, pour eux, pour nous.
    Avec 3 enfants ça demande surement encore plus de force, de toute façon ils râleraient ici, là, là-bas et tout le temps….donc profitez-en , pensez aussi à vous, tant pis pour leur petits désirs. Moi j’ai “kiffé” certaines choses, ils ont suivi en grognant…finalement ils disent que c’était génial et moi je suis contente !
    On a même réussi à les faire garder pour faire des trucs à deux, et ça, sur un an c’est top.
    Tout le monde rêve de repartir, on ne se souvient que du positif.
    Bonne route !

  8. En fait, ça change pas trop d’ici :-)))))))))))
    ça me fait plaisir, j’ai l’impression de partager ainsi un peu de votre quotidien du coup …
    Profitez bien avec vos visiteurs !! Des becs

  9. Oh mais non…. je ne voulais pas lire cet article, c’est le moins bien que vous ayez publié depuis le début 😉
    Plus sérieusement, c’est clair que ça ne doit pas être tous les jours facile de voyager avec des enfants (ce sera la merde 1 jour sur 2 qu’on disait non?), et on vous remercie de votre sincérité!
    Et comme tu le dis, au final on ne retiendra que le positif. Et puis à la maison tout n’est pas rose non plus!
    On se met dès aujourd’hui à lister tous les parcs pour enfants de chaque région 😉

  10. Je ne sais pas que dire sauf peut-être que je me sens moins seule… 🙂 Je vois que mon souhait a été réalisé pour la rédaction de cet article, merci beaucoup!!!
    En fait on n’est pas partis plus d’un mois 24/24 ensemble et bon, c’était sur des îles où ils pouvaient se baigner et étaient entourés de copains, de la famille donc c’était plus facile. Mais les vacances même courtes engendrent souvent des conflits entre eux et c’est vrai que c’est pénible, malgré tout, le bonheur d’être tous ensemble et les voir s’adapter aussi facilement aide à remonter les jours où c’est plus difficile. Le seul voyage où l’on a moins eu besoin de crier était justement l’AFrique du Sud. Je crois qu’elles ont aimé le camping-car 🙂 et nous aussi! 🙂

    Bref, c’est un plaisir de suivre vos aventures et aussi de savoir que nous ne sommes pas les seuls parents à jouer des coudes lorsque les excursions sont moins intéressantes pour eux. Belle continuation à vous

  11. Ah mince alors !
    Alors pour aller à contre courant de votre article, nous n’avons pas eu tous ses soucis de raleries de nos 2 loustics qui avaient 7 et 10 ans.
    Le seul point noir était le temps des devoirs. Pas facile, mais pour le reste je me rend compte qu’ on a eu beaucoup de chance, ils nous ont facilités la tâche !!!
    Néanmoins une fois passé tout ca, c’est vrai qu’ il ne vous restera que les bons souvenirs et les points noirs vous feront bien rire.

  12. Merci à tous de vos commentaires. On voir que majoritairement, en effet, toutes les familles qui voyagent rencontrent les mêmes difficultés, plus ou moins fortement. C’est rassurant et ça montre que derrière les articles et les photos où tout le monde sourit il y a aussi la vraie vie, les moments où on ne peut même pas sortir un appareil photo tellement tout le monde est en pétard.
    Au final, tout le monde s’accorde par contre à dire qu’on ne retient que les bons moments, on en est sûrs aussi… Comme tu dis Vanessa, c’est pas tout rose à la maison non plus, alors autant être au soleil non ? 😉
    Pis n’oubliez pas que c’est un article rien que la vérité,.. dans lesquels on aime bien exagérer un peu (mais un petit peu seulement 😉 !!)

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